Soufflette

Après Romances inciertos, un autre Orlando avec Nino Laisné, François Chaignaud crée deux pièces autour de répertoires vocaux du Moyen Âge, dont Soufflette avec la compagnie nationale norvégienne Carte Blanche. Au commencement, il n’y a que des natures mortes, tableaux inanimés de chairs exposées sur fond d’un noir de nuit. En émane un son de voix éthérées, murmures sans origine de cantilènes ou de prières. Une tribu primitive émerge de ce chant initial, frappant le sol de ses pieds dans un rituel rythmique, qui fait chanter Bob Marley à la manière des polyphonies sacrées des XIIe-XIIIe siècles. De processions en rondes et slows langoureux, de danses libres en sarabandes endiablées, l’orchestre-chœur-corps de ballet dépouille ses lourds oripeaux pour revêtir l’innocence demi-nue d’êtres hybrides, en qui les genres – masculin et féminin -, comme les règnes – animal, végétal, minéral -, fusionnent. Chant d’amour au désir, à la beauté des corps, des êtres et de la nature, Soufflette chorégraphie avec la lenteur, la fluidité et la maîtrise d’un geste extrême-oriental, des bouquets de chairs épanouies, juste avant que ne vienne la fin.