Coupé Décalé #1

Rêve et cinéma : Maya Deren

Plongée dans le cinéma, une expérience onirique et hypnotique

20:00 — Projection des court-métrages
21:30 — Intervention de Marie Martin (Université de Poitiers)

Coupé Décalé est une initiative de Maïté Jeannolin, danseuse, de Charlotte Marchal, chef opératrice et de Justine François, anthropologue.

Déjà accueillies à La Raffinerie en décembre 2016, les soirées intitulées Coupé Décalé organisées par un groupe de chercheurs-danseurs reviennent cette saison.

Dans l’obscurité ils plissent les yeux, s’accoutumant à la douce pénombre. Posés sur leurs sièges, ils attendent que les images se manifestent, psychédéliques, oniriques, émergeant de la nuit. Soudain une explosion déchire la brume noire. Une tâche rouge, puis jaune et enfin blanche affecte la rétine. L’ombre d’un fantôme, une présence mobile. Leur vision semble altérée. Pour combien de temps ? Les images n’ont plus la même intensité, les couleurs se sont soustraites les unes aux autres, la matière fluctue au rythme du sang qui bat leurs tempes. Rythme régulier, apaisant. L’assoupissement les gagne. Lentement et collectivement, les traits du visage se détendent, entrecoupés de soubresauts. D’autres en profitent pour s’étendre discrètement sur leurs voisins, les corps se mêlent, ils rêvent. Ils s’en vont arpenter des paysages connus, reconnus, étrangers… Le sol vibre, gronde, s’élargit et dans un éclat blanc, se rétracte. Ils clignent des yeux. NOIR lumière rouge, jaune et blanche. Ouverture des paupières. Quelque uns se réveillent, la salle est allumée. Après une minute d’hésitation, ils se redressent. Leurs corps endoloris ne simulent pas le voyage. Alors qu’ils vident la salle, ils se demanderont, si vraiment, ils sont toujours aussi certains du visage de la réalité.

A l’occasion de ce nouveau cycle Coupé Décalé, nous vous proposons d’entrer dans les états multiples qu’offre l’expérience cinématographique. Si nous avons au préalable étudié les rituels de transe et de possession à travers des films documentaires, ethnologiques et expérimentaux, aujourd’hui nous nous interrogeons sur le pouvoir singulier des images et l’expérience du spectateur face aux films, entre transe onirique et hypnotique. A travers différentes œuvres et réflexions, vous serez conviés à plonger avec nous dans l’écran !

RÊVE ET CINÉMA : MAYA DEREN

Réalisatrice américaine d’origine ukrainienne, Maya Deren est une figure majeure de l’avant garde du cinéma expérimental. Poète, chorégraphe et interprète,les motifs thématiques de son cinéma abordent l’identité, la corporéité, les mythes, les rituels et l’onirisme, selon les déclinaisons du rêve, de la rêverie et du somnambulisme.

Nous souhaitons ouvrir le festival par un hommage à ce cinéma d’influences surréaliste et psychanalytique. Suite à la projection des courts métrages, Marie Martin – maître de conférence en études cinématographiques à l’université de Poitiers – interviendra pour réfléchir à la notion d’onirisme dans le cinéma.

PROGRAMME :

20:00 — Projection de courts métrages
Meshes of the afternoon
At Land (musique live de La Drache)
The Very Eye of Night

21:30 — Intervention « La poétique onirique et Maya Deren », par Marie Martin, Université de Poitiers.
« Si les avant-gardes n’ont cessé de faire du rêve le modèle possible d’une fabrique esthétique innovante, Maya Deren pourrait donc aussi bien être la fille cachée de Germaine Dulac et René Magritte que, selon le mot de Stan Brakhage, la « mère » de tous les cinéastes expérimentaux « visionnaires » (P. Adams Sitney). Son œuvre de cinéma, qui touche autant à la chorégraphie qu’à l’anthropologie, esquisse l’autoportrait d’une rêveuse pour qui la réalité n’est jamais que la somme toujours en excès et jamais totalement jointive de ses différentes facettes. D’où la nécessité d’une caméra – ce sismographe sensible aux plus infimes transes de la matière psychique et physique – pour aborder le monde et danser avec lui.»
Marie Martin

jeu. 09.11.2017 — 20:00
Bruxelles - La Raffinerie
5€ / soirée